Comment pérenniser la dynamique naissante des acteurs de la filière cacao dans la perspective d’une valorisation ?
Trois étudiants de la Mission Jeunes Experts de l’ISTOM étaient en mission auprès de l’AGED du 6 juin au 23 juillet 2018 afin de réaliser une étude sur les formes de valorisation possible du cacao de Guadeloupe.
L’objectif de l’étude est de mettre en avant les relations et points de convergence pour le regroupement des acteurs afin d’identifier une approche pour la structuration de la filière cacao et les perspectives d’une forme dévalorisation du cacao guadeloupéen.
Le rapport est disponible en PDF ici: Rapport MJE Aequum-Guadeloupe
Cette étude montre la diversité des acteurs de la filière, qui regroupe une multiplicité d’acteurs : des producteurs de vanille en sous-bois qui souhaitent associer leur production à du cacao ; d’anciens stagiaires de la formation agro foresterie de l’ASSOFWI ; de nouveaux producteurs qui se lancent dans la culture du cacao ; de futurs producteurs qui souhaitent s’installer en cacao ainsi qu’en café et/ou vanille ; des producteurs de bananes potentiellement intéressés pour diversifier leur culture en cacao ; de grosses structures productrices produisant du cacao en association avec du café et de la vanille ; des producteurs installés depuis plusieurs années et plutôt indépendants, etc.
Face à une typologie aussi variée des situations se pose la question de savoir comment structurer la filière autour de valeurs communes.
L’étude souligne qu’il existe une dynamique naissante et des interactions entre certaines des structures associatives ou syndicalistes existantes aujourd’hui en Guadeloupe et gravitant autour de la filière cacao : fusion à venir de l’Apagwa, la nouvelle association de producteurs de vanille, avec le SAPCAV (Syndicat des planteurs de café, cacao et vanille) ; interactions entre le SAPCAV, l’Assofwi et Verte Vallée dont la plupart des membres sont adhérents à l’une comme à l’autre des trois structures et mènent en commun des projets en lien avec la filière cacao.
Le projet RECAVACA souhaite valoriser le cacao de Guadeloupe, ce qui signifie construire une identité et une reconnaissance autour des caractéristiques qui en font un produit de qualité. Comment construire cette qualité ? Celle-ci peut être construite autour de bon nombre de caractéristiques pouvant être valorisés, à commencer par la qualité intrinsèque du cacao et de ses produits dérivés ; l’origine géographique du produit, avec le terroir auquel il appartient et l’histoire dans lequel il s’inscrit ; la variété de cacao utilisée ; ou encore les pratiques culturales employées telles que l’agroécologie, l’agroforesterie, ou bien l’agriculture biologique.
Les formations mises en place dans le cadre du projet RECAVACA témoignent de l’exigence d’élaborer un produit de qualité, avec notamment la formation sur les traitements post-récoltes, dont la maitrise est essentielle pour développer un cacao fin et aromatique. La formation greffage poursuit aussi l’objectif de parvenir à un produit de qualité : une fois cette technique bien maitrisée au sein des pépinières, elle permettra de multiplier les génotypes les plus intéressants, ce qui permettra de mieux contrôler et d’assurer un suivi étroit de la production.
Pour contrôler cette qualité, il sera nécessaire de mettre en place un cahier des charges de production, comprenant un manuel de bonnes pratiques et des indications sur les itinéraires techniques à adopter suivant les situations, ainsi qu’un cahier des charges pour réaliser le traitement post-récolte des fèves de cacao et le contrôle qualité de la production.
Des outils structurants devront être mis en place : une coopérative, fonctionnant de manière transparente et démocratique, pour rassembler la production et assurer le traitement post-récolte de la production et éventuellement assurer les processus de transformation des fèves en chocolat de couverture.
L’étude donne des pistes sur la façon de construire la valorisation et la reconnaissance du cacao de Guadeloupe. Plusieurs formes sont possibles. Le cacao guadeloupéen peut s’insérer dans un label de qualité déjà existant, reconnu et valorisable par les futurs acheteurs. Cela peut être une IGP (l’Indication géographique protégé) 1 , qui permettrait de valoriser l’origine et le terroir des produits. Celle-ci pourrait être définie sur les fèves fermentées et séchées, ou bien sur la pâte de cacao obtenue après transformation. La spécificité de la présence de la variété criollo sur le territoire pourrait être mise en avant.
Par ailleurs, la coopérative instaurée pourrait se faire certifier en AB afin d’ajouter un signe de qualité supplémentaire et de ce fait une plus-value encore supérieure. Afin de valoriser le cacao localement, une marque collective pourrait aussi être déposée sur les produits cacaotés transformés. Cette marque permettrait de différencier les produits cacaotés d’origine 100% Guadeloupe (produits et transformés sur place) des autres produits déjà présents sur le marché mais issus de l’exportation. L’ensemble des producteurs adhérents à une future coopérative pourront ainsi utiliser cette marque sur leur produit, et apporter un gage de confiance aux clients.
Des pistes sur lesquelles il conviendrait de s’appuyer afin de poursuivre la dynamique et renforcer la synergie des différents acteurs dans la construction de la filière cacao de Guadeloupe.
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