Le Cacao

L’histoire du cacao dans la région Caraïbe

La région de la Caraïbe englobe les îles et les régions continentales américaines qui entourent la mer des Caraïbes. Cette région pauvre mais touristique a longtemps abrité d’immenses plantations cacaoyères et ses grands cultivateurs en raison de son climat chaud et humide. Les cacaos obtenus y étaient d’ailleurs rares et très appréciés. Ils le sont encore aujourd’hui, cependant, la plupart des plantations ont été abandonnées.

Le cacao, « nourriture des dieux »

C’est dans la région mésoaméricaine, et plus particulièrement sur la côte pacifique et la côte du Golfe du Mexique, que la culture du cacao est la plus anciennement attestée. Datant du IIème millénaire av. JC, cette culture s’est répandue de manière extensive. Traditionnellement utilisé par les population Olmèques, Mayas et Aztèques pendant les cérémonies et rituels sous forme de breuvage, ou encore pour combattre différentes infections, le cacao servait également de monnaie d’échange (fèves). Ce qui est appelé « la nourriture des dieux » fut un élément majeur social, économique et religieux jusqu’à la conquête espagnole, au XVème siècle.

Les Espagnols rencontrent pour la première fois le cacao dans les Caraïbes en 1495. Ils ne portent leur attention sur la fève que plus tard, après avoir transformé la boisson tiède et amère des indigènes pour l’adapter à leur goût, notamment en y ajoutant sucre et cannelle. Après la conquête du Mexique, le cacao est exporté vers la métropole et la culture est intensifiée.


L’Afrique de l’Ouest, nouveau leader

A partir de la première décennie du XXème siècle, la production de cacao est multipliée par 20 dans les régions du Ghana, du Nigeria et de la Côte d’Ivoire. Le cacao Criollo, variété essentiellement développée au Pérou et en Equateur et dans la région Caraïbe, poussent difficilement en Afrique. On y cultive alors le Forestero, une variété plus solide, plus productive et plus résistante mais pas pour autant de meilleure qualité.


La région Caraïbe aujourd’hui

Aujourd’hui, on trouve la partie la plus importante des plantations sur la côte Caraïbe sud. On cultive encore le cacao au sein de cette région, mais plusieurs facteurs tels que des phénomènes naturels (cyclones, tremblements de terre, éruptions volcaniques), le manque de technique et d’organisation, et l’émergence d’autres cultures plus rémunératrices (telles que la banane ou la canne à sucre en Guadeloupe), ont eu pour conséquence l’abandon de la plupart des plantations.

Au Costa Rica et à Trinidad-et-Tobago, par exemple, la culture du cacao est de nouveau en essor. La filière cacao n’a pas encore atteint son stade de maturité et offre des opportunités de développement.

Haiti

Haïti posséderait aujourd’hui environ 16 000 hectares de plantations de cacao pour une production annuelle potentielle de 5000 à 7500 tonnes. Les grandes régions concernées sont la Grande Anse et le Nord. Le cacao est le 3e produit d’exportations primaires d’Haïti, avec environ 8 millions de dollars par an, contre 3,9 millions de dollars en café pour la même année (BRH, 2015). 30 000 familles rurales vivent aujourd’hui de la culture du cacao.

Le territoire haïtien est très favorable au développement du cacao et à l’intensification de la production que ce soit pour de nouvelles plantations ou pour la réhabilitation des parcelles plus anciennes existantes. Toutefois, malgré les nombreuses interventions en appui technique et financier, la production tend à stagner autour de 5000 Tonnes.

En Haïti, en 2009, seulement 5% de la production de cacao était fermenté. Mais la différence de prix payé aux planteurs pour le cacao fermenté par rapport au cacao non fermenté est de plus en plus incitative. Ainsi un important programme, mené par une marque issue du commerce équitable, visant à former les producteurs de cacao du nord d’Haïti à la culture et à la transformation d’un cacao de qualité fermenté, a été mis en place. 

Au sud, sous l’égide de l’ODEFCAGA (l’organisation de producteurs pour le développement de la filière Cacao dans la Grande Anse), la relance du cacao est devenue une réalité depuis 2012, avec d’une part la mise en place de pépinières dans plusieurs communes du département pour faciliter la régénération des parcelles locales jugées souvent anciennes et peu productives, et d’autre part la construction de centres de traitement pour la fermentation et le séchage des fèves de cacao.

Bien que la qualité de la production de cacao fermentée soit jugée encore insuffisante, de nombreux efforts et actions ont été menés sur le « terroir » de la commune des Abricots (localité où se situe le siège de notre partenaire) et des progrès importants sont en cours, notamment l’obtention de la certification bio délivrée par Ecocert à de nombreux producteurs.

Guadeloupe :

Avant d’abandonner sa culture du cacao, la Guadeloupe produisait entre les années 1900 et 1927 de 1200 à 2000 tonnes de cacao par an. Suite au passage du cyclone dévastateur de 1928 les plantations de cacao ont cédé leur place à̀ d’autres cultures plus lucratives. Aujourd’hui la production en volume reste faible avec une variation de 3 à 5 Tonnes par an, destinée à une transformation locale essentiellement agro-touristique.

L’éco-tourisme associant la production à la visite de sites d’anciennes Habitations augmente la valeur ajoutée des produits comme le cacao, mais aussi, le café et démontrent la supériorité de certains modes de productions respectueux de l’homme et de la nature.

L’enjeu reste, toutefois, la possibilité de s’approvisionner en cacao issu du terroir guadeloupéen, car à l’heure actuelle la plupart des chocolatiers locaux, qui veulent une haute qualité en gamme de chocolats de couverture, s’approvisionnent auprès de grossistes européens, car le chocolat transformé localement de façon traditionnelle ne permettrait pas les résultats qu’ils obtiennent aujourd’hui avec le chocolat de couverture qu’ils importent.

Répondre à cet enjeu suppose la maîtrise de tous les maillons de la chaîne de production. L’un des freins avérés pour les experts locaux reste les coûts de production particulièrement élevés qu’induit la production d’un cacao haut de gamme.

Une des pistes à suivre serait la poursuite d’expérimentations à partir des expériences déjà réalisées localement pour la recherche et la sélection d’une ou de plusieurs variétés guadeloupéennes, afin d’éviter les mélanges de variétés qui pourraient diminuer la qualité potentielle d’un cacao haut de gamme.

Aussi, l’actuelle production augmentée d’un programme de renouvellement et de plantation des meilleures variétés locales pourrait suffire à la demande locale en cacao fin et aromatique. Des projets, en coopération avec les autres iles des Caraïbes dont Haïti, pourraient aussi compléter ces productions locales.

Ces projets pourraient s’inscrire dans une démarche de valorisation d’emplois en insertion autour de l’apprentissage des métiers de la gestion et de l’entretien des parcelles de production notamment.