Mission de C. CILAS, M. BOCCARA et D. Meunier en Haïti – 27 octobre au 7 novembre 2017

Suite à la première mission menée en Guadeloupe dans le cadre du lancement du projet RECAVACA, une mission est également menée en Haïti, par Christian CILAS, accompagné de Michel BOCCARA (expert en génétique du cacao) ainsi que par Didier MEUNIER, expert en agroécologie, qui intervient depuis 2012 dans la Grand’ Anse.

La mission s’est déroulée du 27 octobre au 7 novembre et a consisté en des sessions d’information sur le contenu des formations à venir. Ces sessions d’information concernaient la culture du  cacao. Il y a eu notamment des présentations faites sur différents aspects de la filière cacao : histoire de la culture, botanique, pratiques culturales, génétique, maladie et ravageurs. Des résultats concernant la diversité génétique du cacaoyer dans la région de la Grand’Anse, obtenus lors d’une précédente étude, ont également été présentés.

La mission a aussi consisté en la réalisation de plusieurs visites de parcelles de cacaoyers, notamment aux Abricots (commune siège de la CACCOMA), mais aussi auprès des coopératives partenaires, situées à Moron, à Marfranc, à Chambellan, à Dame Marie et à l’Anse d’Hainault. L’ensemble des parcelles de la région ont fortement été affectées par le passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016 ; le potentiel productif des cacaoyers a été fortement affecté avec une production quasi nulle en 2017. Cependant, la plupart des arbres sont vivants et une restauration du potentiel productif est possible mais avec un important travail : nettoyage des parcelles, taille des arbres, remplacement des arbres morts …

A ce propos, il y a eu une demande d’information conséquente sur la façon de reconstruire les systèmes de culture détruits par l’ouragan et de procéder au nettoyage des parcelles, dont les sols sont toujours jonchés d’arbres et de branches cassées, ce qui est indispensable pour que les planteurs puissent de nouveau produire du cacao.

Lors des visites de terrain, il a été recommandé aux planteurs de revenir aux pratiques traditionnelles des « kombits » ou coups de main, qui consistent à s’entre-aider pour le nettoyage des parcelles des uns et des autres, sans attendre de l’aide de l’extérieur.

Il leur a également été conseillé de réaliser des tailles de régénération sur certains arbres, pas trop âgés ou ayant une forme récupérable, et des tailles de formation sur les jeunes arbres blessés par les chutes de branches des arbres qui leur servaient d’ombrage.

Didier MEUNIER recommande de programmer en 2018 plusieurs sessions de formations pour que les planteurs s’approprient les nouvelles connaissances et techniques en matière de culture du cacao, afin qu’une production de qualité puisse voir le jour dans la Grand’ Anse et pour que la population puisse en vivre. Ces formations doivent porter sur le nettoyage des parcelles, la mise en place de pépinières avec des plantules sélectionnées, la maitrise des tailles de formation et d’entretien ainsi que la maitrise et le suivi des processus post-récoltes avec une attention particulière sur les questions sanitaires et autres réglementations portant sur le stockage et le transport des fèves.

Outre l’organisation de ces sessions d’accompagnement et de visites sur le terrain, C. CILAS et M. BOCCRA ont réalisé des prélèvements de feuilles afin d’étudier la diversité génétique des cacaoyers de la région de la Grand’ Anse. Les feuilles ont été ramenées à Montpellier et confiées au laboratoire de biologie moléculaire du Cirad. Les résultats devraient être disponibles en avril 2018. Les cabosses observées sur ces cacaoyers laissent supposer qu’une importante diversité génétique existe.  Une étude historique concernant les différentes vagues d’introduction du cacaoyer dans la région, avec les provenances, devrait permettre d’expliquer la diversité génétique actuelle. Une fois connue la diversité génétique des cacaoyers de la Grand’ Anse, il sera possible d’envisager des recommandations sur le matériel végétal local à multiplier pour augmenter le potentiel productif et surtout produire un cacao de qualité pouvant être plus rémunérateur que le cacao tout venant.

Une attention particulière devra aussi être portée aux questions concernant l’amélioration du transport des cabosses (ou du cacao) du champ au centre de fermentation. Pour l’heure, compte tenu du mauvais état des infrastructures (pistes, chemins), les temps de stockage sont souvent trop long, au détriment de la qualité ; de plus le cacao est souvent sorti des zones de production à dos d’homme au prix d’une pénibilité trop importante.

Une parcelle d’expérimentation/démonstration pourrait être installée à proximité du centre de transformation post-récolte pour mieux diffuser les bonnes pratiques agronomiques.

Rédigé par B. Vainqueur

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