Mission de Myriam CONZETT en Haïti – 28 octobre au 7 novembre

Le projet RECAVACA prévoit la relance de la filière cacao selon les principes du commerce équitable et de l’agriculture biologique. Cela suppose une étude du potentiel de commercialisation internationale des fèves de cacao de qualité fermentées et certifiées agriculture biologique et commerce équitable, issues des plantations des coopératives en Haïti.

Afin d’initier cette étude, Mme CONZETT mène une mission en Haïti, du 28 au 7 novembre. Pour Haïti, l’objectif est d’identifier, en coordination avec Mme MAKELA (coordinatrice du projet en Haïti,) les acteurs parties prenantes du projet et d’accompagner les premières étapes de la structuration de cette filière, par l’identification des besoins humains, matériels et financiers.

Mme CONZETT met en avant un certain nombre de conditions préalables qui permettront à l’ensemble de la filière de se développer de façon exponentielle, mais également de faciliter l’accès des coopératives aux marchés internationaux en permettant aux planteurs de valoriser la spécificité organoleptique des fèves de leurs terroirs et de s’adapter aux exigences de leurs clients en répondant à leurs cahiers des charges spécifiques. Ces conditions sont les suivantes :

  • Les parcelles de plantations sont éclaircies et nettoyées, les arbres taillés et d’autres replantés à partir de sélections prédéfinies et répertoriées : éléments qui conditionnent la relance de la production qui peut ainsi se faire dans les meilleures conditions possibles.
  • Tous les planteurs du programme participants au projet sont formés à l’entretien des parcelles, la connaissance des maladies et l’ensemble des procédés de récolte, collecte et transport.
  • Une partie au moins, mais si possible un maximum, de planteurs est formé au procédé de fermentation, séchage et stockage des fèves. 
  • Une partie des acteurs sélectionnés (au moins un par coopérative) est formée et contribue à la chaine de commercialisation des fèves de qualité : connaissances techniques du maintien de la qualité des fèves (taux d’humidité, gestion du stockage avant, pendant et après le transport…) logistique et emballage, gestion administrative, connaissance des normes et réglementations, suivi de contrôle de la certification, facturation et négociations. 
  • La formation et la sensibilisation de tous les planteurs et la maîtrise par au moins 2 personnes dans chaque coopérative partenaire, de l’ensemble du processus de certifications bio et équitable ainsi que leur contribution et participation à la mise en place des systèmes de contrôles.

Le processus de commercialisation des fèves de cacao sur le marché international va de pair avec le volet micro-chocolaterie du projet, qui prévoit d’accorder une place centrale aux femmes, avec la perspective pour celles-ci de fabriquer des produits locaux à partir de fèves de cacao fermentés et correspondant à une qualité exigée. Pour le moment, toutes les fèves fermentées sont destinées à l’exportation et les femmes dans leur production locale n’utilisent que des fèves défectueuses et/ ou non fermentées qu’elles torréfient elles-mêmes.

Ce volet transformation de la filière suppose :

  • La constitution d’un groupement de femmes dédié au projet d’unité de transformation/mini chocolaterie, qui sera localisée à Jérémie (chef-lieu de la Grand’Anse), avec une délégation représentative de ces femmes pour chacune des communes concernées par le projet RECAVACA.
  • Leur formation et participation :
    • à la connaissance du processus de production et fermentation des fèves de cacao ;
    • à la transformation du cacao en chocolat ; à la transformation d’autres produits (coco, gingembre, pistache, agrumes …) ;
    • à la gestion d’une unité de transformation (normes et comptabilité) ;
    • à la gestion d’une boutique ;
    • à la vente directe et à la commercialisation (marketing et techniques de vente) ;
    • à l’export et aussi au processus de certification et de traçabilité en vue d‘une entrée sur le marché européen.

 

Au cours de sa mission Myriam CONZETT, accompagnée de Mme MAKELA, effectuent plusieurs rencontres avec les femmes dans les communes concernées par le projet afin d’identifier les moyens humains pouvant être mis au service du projet :

  • Rencontre aux Abricots (coopérative CACCOMA) : rencontre avec plusieurs femmes, anciennement mobilisées autour du projet « le Paradis des indiens » qui produisait des produits dérivés du cacao et autres denrées à partir des produits issus de l’agroforesterie locale. Ses femmes font partie des femmes ressources qui sont en capacité de transmettre leur savoir faire à d’autres femmes. Cette expérience permettra de poser les bases de l’étude de faisabilité prévue. 
  • Rencontre à Moron : coopérative MOCAC. Cette coopérative regroupe plusieurs femmes. Trois d’entre elles (Ange-Marie, Marie Philomène et Juslene) ont été identifiées. Elles sont déjà très bien formées et pourraient porter, dans un premier temps, le lead d’une activité de transformation tout en formant et en impliquant toutes les autres femmes.
  • Rencontre à la Anse d’Hainaut, Coopérative CopDAH : les femmes de ces coopératives ont exprimé un besoin en accompagnement et en formation globale. Une sélection des plus investies d’entre elles dans le projet pourrait faciliter leur formation afin de permettre à un premier groupement de femmes de cette coopérative d’être constitué et donc de s’inscrire dans le projet RECAVACA.
  • Rencontre à Chambellan, Coopérative CopCod : les femmes de cette coopérative, qui n’ont pas pu être rencontrées pour des raisons d’organisation, sont regroupées au sein de la « coordination des femmes décidées de copcod » (La COFEDEC) et ont exprimées leur motivation à participer au projet.

Quelle que soit la commune, mais en particulier aux Abricots et à Moron, toutes les femmes ont manifesté avant tout des besoins spécifiques pour l’acquisition de petits outillages facilitant la première transformation du cacao (broyeurs, presseurs, etc)

Cette demande récurrente nous indique que la mise en place de petites unités de transformation locales présentes dans chaque commune, permettrait une contribution maximum de toutes les femmes de la Grande Anse, partie prenante d’une chaîne de valeur locale, et approvisionnant ainsi la mini chocolaterie de Jérémie. Le rôle de l’unité de transformation centrale à Jérémie serait alors de coordonner ces approvisionnements, de former les femmes et de commercialiser au niveau local leurs produits tout en élaborant elles-mêmes des produits destinés au marché local, national et peut être international (cf pâte de cacao/ cajou).

La visite de 3 ateliers équipés, en fonctionnement et soutenus par la FAO a également été effectuée par Mmes CONZETT et MAKELA : 

  • L’atelier de MONATIF : à Base Voldroge géré par Mme Myrta Basquin, qui élabore des produits transformés et les commercialise. Ses compétences font d’elle une personne ressource possible pour le projet RECAVACA. 
  • L’atelier FANM TRAFKAD KAKAWO à Dame Marie, s’organise entre une unité de production et une boutique qui permet d’exposer les produits.   
  • L’atelier Kassaverie à Marfran présente un potentiel de développement intéressant.  Les personnes responsables de l’atelier pourraient participer au projet de formation dédiée à la transformation.

Rédigé par B. Vainqueur

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