Restitution des résultats des analyses génétiques du cacao de Guadeloupe

La première étape des analyses a consisté à prospecter et à prélever des feuilles de cacaoyers, ce qui a été réalisé en avril dernier par C. CILAS. Les coordonnées GPS des arbres sont ensuite identifiées afin de pouvoir localiser leur emplacement ; puis les échantillons sont marqués. L’ADN des feuilles est ensuite extrait afin de réaliser le génotypage et de repérer dans quel groupe on se situe.

L’objectif est de déterminer le pourcentage des différents groupes génétiques dans le génome des cacaoyers analysés.

L’étude de la diversité génétique de l’espèce Theobroma cacao permettra de faire un choix du matériel à promouvoir, puis de restaurer le matériel génétique par la taille des anciens cacaoyers et par du greffage de façon à diffuser le matériel qu’il serait plus intéressant de promouvoir.

 Résultats des analyses génétiques

 

L’arbre de la diversité génétique des cacaoyers de Guadeloupe -Christian CILAS

L’essentiel de la population des cacaoyers de Guadeloupe est le résultat de l’hybridation de variétés anciennes de Criollo et d’Amelonado, à l’exception des hybrides complexes dont la présence s’explique par l’introduction de matériel, probablement du Venezuela et de Trinidad, dans le cadre d’essai de relance de la production, après les années 30.

Composition génétique des cacaoyers prospectés en Guadeloupe

La présence de Criollo avait déjà été attestée par la découverte de fèves blanches dans certaines cabosses. Cette variété est appréciée pour ses qualités organoleptiques car elles donnent la plupart des arômes fins. Toutefois il s’agit d’une variété très peu cultivée car elle est sensible aux maladies et son rendement est faible. L’existence de variétés hybrides contenant un pourcentage donné de Criollo est donc une bonne chose. Dans le choix du matériel à promouvoir, il faudrait sélectionner les variétés ayant les pourcentages les plus élevé de Criollo.

Il convient toutefois de caractériser d’un point de vue organoleptique et sensoriel le cacao par la réalisation de fermentations du cacao issu des groupes identifiées en fonction du pourcentage de criollo contenu dans les cabosses des arbres analysés. L’intérêt étant de voir ce que vaut le chocolat obtenu au niveau de la qualité.

Pour cela il faut un nombre conséquent de cabosses issues d’arbres ayant un pourcentage donné de criollo et présentant les mêmes caractéristiques génétiques. D’où la nécessité de multiplier les cacaoyers ayant des caractéristiques intéressantes pour avoir une quantité suffisante de fèves à fermenter.

Par la suite, les génotypes les plus intéressants devraient être multipliés par greffage. Les plants obtenus à la suite de cela pourraient ensuite être mis en collection et donner lieu à une distribution du matériel intéressant à promouvoir.

 

 

 

Rapport Jeunes experts ISTOM – ETUDE DE LA FILIÈRE CACAO GUADELOUPÉENNE

Comment pérenniser la dynamique naissante des acteurs de la filière cacao dans la perspective d’une valorisation ?

Trois étudiants de la Mission Jeunes Experts de l’ISTOM étaient en mission auprès de l’AGED du 6 juin au 23 juillet 2018 afin de réaliser une étude sur les formes de valorisation possible du cacao de Guadeloupe.
L’objectif de l’étude est de mettre en avant les relations et points de convergence pour le regroupement des acteurs afin d’identifier une approche pour la structuration de la filière cacao et les perspectives d’une forme dévalorisation du cacao guadeloupéen.

Le rapport est disponible en PDF ici: Rapport MJE Aequum-Guadeloupe

Cette étude montre la diversité des acteurs de la filière, qui regroupe une multiplicité d’acteurs : des producteurs de vanille en sous-bois qui souhaitent associer leur production à du cacao ; d’anciens stagiaires de la formation agro foresterie de l’ASSOFWI ; de nouveaux producteurs qui se lancent dans la culture du cacao ; de futurs producteurs qui souhaitent s’installer en cacao ainsi qu’en café et/ou vanille ; des producteurs de bananes potentiellement intéressés pour diversifier leur culture en cacao ; de grosses structures productrices produisant du cacao en association avec du café et de la vanille ; des producteurs installés depuis plusieurs années et plutôt indépendants, etc.

Face à une typologie aussi variée des situations se pose la question de savoir comment structurer la filière autour de valeurs communes.

L’étude souligne qu’il existe une dynamique naissante et des interactions entre certaines des structures associatives ou syndicalistes existantes aujourd’hui en Guadeloupe et gravitant autour de la filière cacao : fusion à venir de l’Apagwa, la nouvelle association de producteurs de vanille, avec le SAPCAV (Syndicat des planteurs de café, cacao et vanille) ; interactions entre le SAPCAV, l’Assofwi et Verte Vallée dont la plupart des membres sont adhérents à l’une comme à l’autre des trois structures et mènent en commun des projets en lien avec la filière cacao.

Le projet RECAVACA souhaite valoriser le cacao de Guadeloupe, ce qui signifie construire une identité et une reconnaissance autour des caractéristiques qui en font un produit de qualité. Comment construire cette qualité ? Celle-ci peut être construite autour de bon nombre de caractéristiques pouvant être valorisés, à commencer par la qualité intrinsèque du cacao et de ses produits dérivés ; l’origine géographique du produit, avec le terroir auquel il appartient et l’histoire dans lequel il s’inscrit ; la variété de cacao utilisée ; ou encore les pratiques culturales employées telles que l’agroécologie, l’agroforesterie, ou bien l’agriculture biologique.

Les formations mises en place dans le cadre du projet RECAVACA témoignent de l’exigence d’élaborer un produit de qualité, avec notamment la formation sur les traitements post-récoltes, dont la maitrise est essentielle pour développer un cacao fin et aromatique. La formation greffage poursuit aussi l’objectif de parvenir à un produit de qualité : une fois cette technique bien maitrisée au sein des pépinières, elle permettra de multiplier les génotypes les plus intéressants, ce qui permettra de mieux contrôler et d’assurer un suivi étroit de la production.

Pour contrôler cette qualité, il sera nécessaire de mettre en place un cahier des charges de production, comprenant un manuel de bonnes pratiques et des indications sur les itinéraires techniques à adopter suivant les situations, ainsi qu’un cahier des charges pour réaliser le traitement post-récolte des fèves de cacao et le contrôle qualité de la production.

Des outils structurants devront être mis en place : une coopérative, fonctionnant de manière transparente et démocratique, pour rassembler la production et assurer le traitement post-récolte de la production et éventuellement assurer les processus de transformation des fèves en chocolat de couverture.
L’étude donne des pistes sur la façon de construire la valorisation et la reconnaissance du cacao de Guadeloupe. Plusieurs formes sont possibles. Le cacao guadeloupéen peut s’insérer dans un label de qualité déjà existant, reconnu et valorisable par les futurs acheteurs. Cela peut être une IGP (l’Indication géographique protégé) 1 , qui permettrait de valoriser l’origine et le terroir des produits. Celle-ci pourrait être définie sur les fèves fermentées et séchées, ou bien sur la pâte de cacao obtenue après transformation. La spécificité de la présence de la variété criollo sur le territoire pourrait être mise en avant.

Par ailleurs, la coopérative instaurée pourrait se faire certifier en AB afin d’ajouter un signe de qualité supplémentaire et de ce fait une plus-value encore supérieure. Afin de valoriser le cacao localement, une marque collective pourrait aussi être déposée sur les produits cacaotés transformés. Cette marque permettrait de différencier les produits cacaotés d’origine 100% Guadeloupe (produits et transformés sur place) des autres produits déjà présents sur le marché mais issus de l’exportation. L’ensemble des producteurs adhérents à une future coopérative pourront ainsi utiliser cette marque sur leur produit, et apporter un gage de confiance aux clients.

Des pistes sur lesquelles il conviendrait de s’appuyer afin de poursuivre la dynamique et renforcer la synergie des différents acteurs dans la construction de la filière cacao de Guadeloupe.

 

 

Du nouveau pour RECAVACA

En ce mois d’octobre 2018, plusieurs évènements font l’actualité du projet RECAVACA.

Ce mercredi 17, le VSC Léonard Normand engagé par l’AGED a présenté les résultats de son étude d’une durée de 2 mois « à la rencontre des producteurs de cacao en Guadeloupe » où il a visité 33 producteurs et futurs producteurs de cacao. Les objectifs de cette mission étaient de :

  • Comprendre l’état actuel de la filière à l’échelle des agriculteurs (production, pratiques)
  • Trouver d’éventuels partenaires / planteurs
  • Faire connaitre le projet

Les conclusions étaient que la production actuelle de cacao en Guadeloupe est très faible, que les profils de planteurs sont relativement hétérogènes mais que de nombreux facteurs confirment les opportunités liées au contexte de l’ile. En effet, la demande en cacao local est impressionnante, la tendance générale est clairement à la diversification et le terrain disponible ne manque pas.

Cette réunion était l’occasion de faire se rencontrer beaucoup de potentiels futurs acteurs du projet et en particulier les agriculteurs. Très peu d’informations sont disponibles concernant la culture du cacao en Guadeloupe. Cet évènement était donc une très bonne opportunité pour les planteurs d’échanger leur expérience, leurs préoccupations et leurs solutions sur le thème de la cacaoculture. Ces connexions ont été très productives puisque la réunion a durée plus de deux heures et s’en est suivit de nombreux échanges de contact entre acteurs de l’agriculture et de l’arboriculture en Guadeloupe. Le but étant aussi de mutualiser le savoir-faire et de fédérer les différentes parties prenantes autour d’un intérêt commun qui est de faire reconnaitre ce territoire en tant que producteur de cacao de qualité.

Cela permettra également de tenir compte des recommandations des producteurs lors de l’élaboration des futurs itinéraires techniques mis en place dans le cadre du projet. La réunion s’est effectuée dans les locaux de l’assofwi et avec l’aide de la SAPCAV, tous deux partenaires du projet.

 

Quand à Léonard, son travail est loin d’être finit car il doit maintenant travailler main dans la main avec les différents experts et parties prenantes du projet pour mettre en place différents itinéraires techniques adaptés à la culture du cacao en Guadeloupe.

Les personnes présentes à la réunion étaient invitées à s’inscrire aux formation sur le cacao à venir (greffe, post-récolte, transformation…) ainsi qu’à la prochaine session d’analyse génétique des cacaoyers de Guadeloupe. On rappelle que cette activité menée en partenariat avec le CIRAD permettra de sélectionner les variétés de cacao les plus aromatiques afin de mettre en place les pépinières du projet à partir des meilleures qualités de cacao présentes sur l’ile.

 

Durant les deux prochaines semaines, l’association Guadeloupe Equitable et Durable accueillera pour la seconde fois, Sara Barath qui nous vient de Trinidad pour former les acteurs du projet à différents aspects de la transformation du cacao. Dans un deuxième temps, Christian Silas expert cacao au CIRAD viendra présenter les résultats des premières analyses génétiques des cacaos prélevés chez une 12aine de producteurs. Il effectuera par la suite de nouveaux prélèvements et proposera une formation sur le thème du greffage du cacao. Ces évènements à venir feront l’objet d’un prochain article.

En attendant, les choses avancent doucement mais surement pour le cacao en Guadeloupe et ça fait plaisir car comme on dit, pas de bras, pas de chocolat !

A suivre…