Visite du domaine de la Grivelière

     C’est loin du bruit de la ville et bercés par les flots de la rivière de Vieux-Habitants que nous avons fait la rencontre de Mr Chavoudiga, directeur du domaine de la Grivelière, afin d’en savoir un peu plus sur le cacao en Guadeloupe et le fonctionnement du site.

Pouvez-vous nous parler brièvement de l’histoire du domaine et de son fonctionnement ?

Il est bon de savoir que le site est avant tout une habitation caféière acquise par Auguste-Alexandre Perriolat en 1842 qui l’exploite pour le roucou (teintures). Plus tard, l’exploitation reprend sa vocation de caféière. Au début, tout ce qui était plantation de café, c’était en Grande-Terre. Mais quand les agriculteurs ont commencé à planter de la canne en Basse-Terre, ils se sont rendus compte qu’il y avait un meilleur café sur les sols de la Basse-Terre en raison des sols volcanique du territoire. Vous savez, pour avoir un bon café il faut monter en altitude. Cependant, ici, en Basse-Terre, quelque soit l’altitude on trouve un café de qualité (région volcanique). C’est à ce moment qu’ils ont commencé à planter le café et, en parallèle, le cacao, la vanille, mandarines, oranges, ignames, bananes (principe de culture associée). Grâce aux sols, sur l’ensemble du territoire, on a alors un cacao de très bonne qualité, comme tout autres produits d’ailleurs.

Aujourd’hui on dit que le cacao est cultivé en quantité moins importante que le café.

Aujourd’hui et depuis 76, la plupart des plantations de cacao sont à l’abandon. Le domaine de la Grivelière essaie de relancer les gens qui ont des plantations. On récolte au sein du domaine mais on s’investit également dans la Vallée de Beaugendre (Baillif, Saint-Claude..) auprès de ceux qui ont des petites plantations de cacao et on leur demande d’entretenir les plantations. On propose de faire la récolte pour ces agriculteurs pour récuperer les cabosses et procéder, ensuite, à la fermentation. On ne récupère pas les fèves, mais directement les cabosses car nous préférons faire la fermentation nous-même.

Pouvez-vous nous parler du processus effectué au sein du domaine en ce qui concerne le cacao ? 

Eh bien… Aujourd’hui, le domaine de la Grivelière effectue le processus de transformation seulement pour produire les « batons de cacao » et pour la dégustation. Nous ne produisons pas encore de tablettes de chocolat, mais nous travaillons avec la chocolaterie Les suprèmes qui fait des tablettes et que nous vendons ici. L’objectif, dans un futur proche, ce serait de pouvoir faire les tablettes de chocolat ici car, comme je disais, nous avons un cacao de très haute qualité. Les artisans de France ont travaillé avec un médecin dans la recherche médicinale et les vertus du cacao. Ils ont effectué des tests sur notre cacao et en ont déduit un cacao de très bonne qualité. Ils nous ont alors conseillé de replanter le cacao d’ici, de replanter les plants qui sont endémiques au territoire. Actuellement, c’est ce que nous essayons de faire pour redévelopper le cacao. Nous avons mis en place un projet avec la Soufrière ; « comment relancer la plantation avec d’autres agriculteurs ? ». Nous possédons une pépinière (9000 plants de cacao en sachet) et nous sommes à la recherche de volontaires pour planter. L’idée serait de donner des plants que d’autres agriculteurs pourraient planter et entretenir pour ensuite nous revendre les cabosses.

Que pensez-vous des labels bio équitables ? 

Aucun producteur ne travaille avec des labels bio équitables aujourd’hui en Guadeloupe. Le domaine de la Grivelière serait prêt à certifier ses produits, mais une étude au niveau des coûts et de la rentabilité doit être mise en œuvre.

RECAVACA : projet de coopération avec Haïti, projet de renouvellement de la filière cacao dans la région caraïbe. Comment percevez-vous le projet ? 

Nous sommes prêts à travailler en coopération avec Haïti et nous sommes intéressés par le projet. Mais il faut savoir qu’il est difficile d’acheter des fèves de cacao ailleurs. Il est important pour nous de garder la main sur tout le processus. Il faudrait alors rédiger un cahier des charges précis, notamment au niveau de la fermentation (processus important pour ne pas perdre en qualité). Il serait également intéressant de procéder à des tests, des analyses sur le cacao en Haïti.

Rédigé par N. Dime